Partir et reconstruire; c’est le défi que se sont lancés Thierry et Pierre-Luc en quittant Montréal afin de démarrer une ferme maraîchère biologique dans les Laurentides.
Suivant la route 117 et les méandres de la Vallée de la Rouge, ils trouvèrent une friche s’ouvrant vers un paysage boisé et montagneux. L’endroit idéal pour prendre soin de la terre, construire leur chez soi et s’enraciner dans une nouvelle communauté.
Un chemin traverse leur nouvelle propriété et y divise le champ dédié à la production agricole au nord du lieu à habiter au sud : une forêt de sapins baumiers, de bouleaux à papier et d’érables rouges qui cohabitent avec un milieu humide et une grande prairie se dépliant jusqu’à la route des Tulipes. Ces paysages naturels inspirent et donnent un léger vertige; celui de ne pas perturber l’intégrité de cet environnement, de prioriser la mise en valeur de la nature à travers un projet d’habitation.
Attirée par les mystères de la forêt, la maison de la Ferme du Canton de Clyde s’implante à sa lisière. Elle se déploie dans le champ herbacé et fleuri, devenant une liaison entre ces deux paysages. L’un qui est dense et ombrageux, l’autre, dissipé et lumineux. La maison est allongée, elle suit l’horizon. Sa volumétrie discrète est couronnée par la cime des arbres. Insérées dans une superposition de paysages, quelque part entre les fleurs de la prairie et l’épaisseur de la forêt, ses formes peuvent tromper et évoquer un bâti agricole.
Une vaste pergola marque l’entrée principale et perce la linéarité de la maison. L’implantation de cette structure crée un axe de circulation qui lie les environnements extérieurs du nord au sud, du stationnement jusqu’au boisé en passant par un jardin de fougères.
Cette percée distingue également les environnements intérieurs : à l’est, les aires de vie communes, et à l’ouest, l’aire plus privée des chambres.
Une ferme est un projet rassembleur. Un projet où l’on disperse la famille et les amis dans les champs et où on les entasse autour d’une grande table. La résidence de la Ferme du Canton de Clyde est donc une maison à partager. D’une part, elle propose de grands espaces pour se réunir et festoyer, telle que l’aire de vie ouverte, réunissant cuisine, salle à manger et salon.
L’orientation sud et le regard intime sur la forêt devient l’opportunité d’installer une grande terrasse couverte qui longe ces espaces et permet d’étendre les festivités.
Ensuite, différents lieux sont réfléchis pour préserver l’intimité de tous, comme le quartier des maîtres à l’extrémité ouest ou encore le sous-sol s’ouvrant vers la gigantesque cour anglaise où les invités peuvent séjourner confortablement.
Cette maison dans la prairie est enveloppée d’une pierre naturelle en grès de silice, rappelant les murets de roche qui délimitent les pâturages. Un matériau local envoûtant où chaque roche possède sa propre forme et couleur, oscillant de blanc-sable à ocre-argile.
Pénétrant à l’intérieur pour flouer les limites, cette pierre côtoie harmonieusement le chêne blanc des planchers et le blanc texturé des murs. Cette combinaison sobre compose avec la nature environnante et invite à la contempler.
Crédit Photo: James Brittain